Une nouvelle arnaque immobilière a fait son apparition. Une de plus. Après les escroqueries à la défiscalisationaux panneaux solaires ou encore sur la location (saisonnière ou classique), les faux mails de notaires. Les sommes subtilisées par des pirates informatiques se comptent cette fois-ci en dizaines de milliers d’euros. «Des témoignages et de plaintes ont été recensés dans le Nord, le Centre, l’île de France ou encore le Sud-Ouest», alerte l’association de consommateurs UFC Que Choisir qui vient de publier une note à ce sujet mais n’est pas en mesure de chiffrer le nombre d’arnaques.

Le procédé est toujours le même: les escrocs appâtent les particuliers avec un faux mail d’un vrai notaire dans lequel ils leur demandent de verser un acompte sur leur compte bancaire. Un couple résidant à Pau a ainsi perdu 30.000 euros. Pour un particulier qui s’apprêtait à acquérir un logement dans le Nord-Pas-de-Calais, l’arnaque s’élève à 50.000 euros. L’acheteur venait de conclure la vente quand il reçoit, comme convenu, un mail de son notaire avec en pièce jointe, un relevé d’identité bancaire (RIB). «Le message récapitulait tous les éléments de la vente (adresse du bien, prix, coordonnées du notaire...)», précise l’UFC Que Choisir.

Un phénomène encore «marginal»

Problème: les coordonnées du RIB n’étaient pas celles de l’étude notariale mais d’un compte à l’étranger. Les escrocs ont réussi à pirater la messagerie du notaire et à intercepter le mail qu’il avait envoyé à son client. Ils ont simplement eu à changer les coordonnées bancaires. C’est la banque du particulier qui a sonné l’alerte en constatant que les numéros sur le RIB transmis par l’escroc ne correspondaient pas à un compte de la Caisse des dépôts. Elle a, heureusement, bloqué le virement. «Une fois qu’ils ont piraté la messagerie des notaires, les pirates seraient parvenus à transférer sur leur propre boîte électronique tous les messages mentionnant les mots: RIB, virement, acompte, vente, facture», explique un informaticien qui a examiné le mode d’action des pirates.

L’arnaque est prise très au sérieux par les notaires qui reconnaissent que plusieurs mails ont été piratés, dans le cadre de ventes immobilières mais aussi d’arnaques à l’assurance vie. Pour l’heure, le phénomène, «très récent» selon la Chambre des notaires de Paris, est «marginal». Depuis le 1er janvier 2015, la loi impose que les sommes supérieures à 3000 euros soient versées par virement sur le compte de l’étude notariale. Ce qui oblige le notaire à transmettre son RIB à son client.

Pensez au coup de fil à votre notaire!

Avec la crise sanitaire, ils ont très souvent été envoyés par mail. Une brèche dans laquelle se sont engouffrés des escrocs. «Nous réfléchissons à prendre des mesures pour assurer une meilleure vérification de notre signatureMais elles ne doivent pas non plus être trop contraignantes pour nos clients», réagit Cédric Blanchet, son président qui a constaté une «sophistication grandissante des arnaques».

L’UFC-Que Choisir déconseille les «virements d’un montant important sur la base d’un RIB reçu par courriel». La parade? «Téléphonez à votre notaire pour vérifier les coordonnées bancaires ou rendez-vous sur place pour vous faire remettre le RIB en main propre», recommande de concert l’association et le président de la Chambre des notaires de Paris. Ce dernier glisse une remarque en guise de conseil: «Un notaire que vous ne connaissez pas ne vous demandera jamais de lui envoyer de l’argent par mail».